Abstract

L’exégèse moderne de l’argument anselmien du Proslogion de l’existence divine a connu quatre lectures principales: une lecture logiciste, autour des suppositions strictement formelles de l’argumentation du deuxième chapitre du traité ; une lecture confessionnelle, qui récupère la face mystique de la prière anselmienne sans impliquer directement la logique de l’argument ; une lecture ontologique, pour laquelle le texte est relevant du point de vue de l’histoire du problème de l’être, soit qu’il ap partient ou non à cette histoire ; et enfin, une lecture historique qui met en évidence les influences augustiniennes sur Anselme ou la correspondance des écrits anselmiennes avec les débats du XI-ème siècle latin . Notre propos vise une recherche historique, doctrinale et philologique de la formation intellectuelle d’Anselme. La présupposition tacite porte sur l’unité interne du projet anselmien au-delà des distinctions modernes entre les différents domaines de l’esprit qui disputent cet argument. Notre recherche suggère une possible réinterprétation de l’argument de l’existence divine à partir des sources de la pensée anselmienne. Est-ce qu’il y a une unité de sens entre la structure logique de l’argument de l’id quo maius cogitari nequit et la prière du commencement du Proslogion? Ou bien, est-ce que la formule célèbre de fides quaerens intellectum relève de la structure de l’argument? Pour répondre à ces questions, il ne s’agit pas de vérifier la validité logique du texte, mais d’aller à la rencontre des sources qui donnent une signification pour chaque étape du raisonnement