Le 15 décembre 2005, René Girard, lors de son entrée à l'Académie française, prononça l'éloge de son prédécesseur, le révérend père Carré. Michel Serres répondit à ce discours par un tableau de la vie et de l'oeuvre du récipiendaire dont, dit-il, la théorie compte parmi les plus fécondes du XXe siècle.

L'univers de René Girard est un univers complexe dans lequel se mêlent étroitement les éléments biographiques et les différentes disciplines auxquelles il a fait appel pour mener à bien ses travaux. Centrés sur le phénomène du désir mimétique, ces entretiens dévoilent la genèse de sa théorie dans les domaines littéraires et religieux. Le fil conducteur en est le principe des doubles mimétiques qu'il a analysés chez des auteurs comme Stendhal, Proust, Dostoïevski et Shakespeare. Il se réfère également à la Bible, (...) considérant que " la donnée fondamentale de notre temps est la crise du religieux ". Ses ouvrages relèvent à la fois de la littérature comparée, de l'anthropologie et de l'histoire des religions. Il trouve aussi, dans les échanges économiques, la confirmation de sa théorie. En effet, selon lui, le monde moderne est à la recherche du sacré qu'il a perdu, et, dans ce processus, il se retrouve victime d'un mimétisme exacerbé. René Girard déploie son esprit critique à l'encontre de la société de concurrence et de la consommation ; ce faisant, il compare les sociétés française et américaine du point de vue d'un intellectuel français installé au coeur de l'Amérique. (shrink)

In 1988, Nadine Dormoy conducted a series of interviews with Rene Girard after a number of books and conferences had situated his work in a new context of research on self-organizing systems. In these interviews, Girard discusses the intellectual activity that followed the 1982 Stanford University conference, Disorder and Order. Girard also discusses Theater of Envy, his book on Shakespeare, as well as corrects several misunderstandings of his mimetic hypothesis.