Un étrange mythe hante l'Occident : le christianisme aurait redonné un peu de consistance au monde, un Dieu de chair, comme dit Tertullien, lui aurait conféré un supplément de réalité. La vérité semble aux antipodes : loin d'offrir une âme au monde, les chrétiens l'en ont privé et se sont appliqués à le déréaliser. Dans cette optique, le christianisme apparaît en sentinelle du néant, toujours en avance d'un nihilisme : nihiliste actif, quand on le croit passif ; nihiliste postmoderne, quand (...) on le croit archaïque ; nihiliste négatif, quand on l'imagine mystique ; bref, nihiliste jusque dans ses décisions ex cathedra, dans sa christologie et sa théologie mariale. Comme la profondeur qui se cache à la surface de l'aphorisme, le nihilisme foncier du christianisme se cache à la surface du dogme. (shrink)

Dans son enquête sur la mémoire de l’Holocauste en Allemagne, Yoram Kaniuk rapporte l’ « histoire édifiante » d’une Juive qui s’était cachée avec un groupe de femmes et d’enfants dans une forêt du cœur de la Pologne. Un jeune officier SS les découvre et commence à les abattre, tirant sans hésiter sur une des femmes et deux enfants. Une autre s’arrête..

Anyone who might be surprised to find an issue on the figures of myth and gender appearing under the aegis of the poet of Pierres or Récurrences dérobées can only be referred to his mineral 'mythology', where all possible permutations of the sexes have a place, as in a Mendeleyev table. But Roger Caillois' interest in myths and the notion of gender, which is found in early texts from his youth, crops up unchanged in those from his maturity, such as (...) Le Fleuve Alphée, and the precious, rare fictions, like 'Récit du délogé'. To sum up in a word his intellectual journey, in the beginning there was stone, at the end stone remained. Within that parenthesis the space of sex and its myths unfolded. (shrink)

The intervention of the divine in human history, more precisely the transition from fiction to incarnation that is peculiar to the origins of Christianity, marks a turning-point in our understanding of the genealogical principle. With a Son of Man who is also Son of God and his Mother's Father, there is no paternity and, more generally, no genealogy that is not reversible. To this questioning of elementary kinship structures we should add the contesting of the hitherto accepted distribution of genders (...) and sexes. The superimposition of the Holy Family and the Trinity created an uncertain sex whose effect is to uncouple sex from its functions, in particular procreation. Hence a circulation and instability of sex. It is from this viewpoint that we should see the notion of an androgynous Christ and the Church Fathers' thinking on the resurrected body. (shrink)