Abstract
Le Traité des premières vérités (1724) de Claude Buffier connaît, au XIXe siècle, deux éditions. L’une, d’inspiration catholique, insiste sur la continuité entre la philosophie du sens commun du jésuite et le principe d’autorité de Félicité de Lamennais. L’autre, qui émane de l’école cousinienne, insiste au contraire sur la dette de l’école écossaise du Common Sense à l’égard de l’œuvre de Buffier. L’une et l’autre cherchent à dissocier Buffier de la philosophie dont il se sentait peut-être le plus proche, mais qui préfigure à bien des égards tous les excès (sensualisme, matérialisme, athéisme) du XVIIIe siècle que catholiques et cousiniens combattent : celle de Locke. Par leurs défauts, ces deux éditions ne nous apprennent pas grand-chose sur le Traité des premières vérités, mais disent en revanche beaucoup des luttes idéologiques dont le XIXe siècle a été le théâtre.