Abstract
Les philosophes des Lumi res attendent de l' ducation l'av nement de l'homme nouveau. Kant, qui souligne 'l'engageante nouveaut d'id es' de Rousseau, encourage les 'nouveaux p dagogues', comme Basedow, les philanthropistes et Pestalozzi, conduire une r flexion th orique sur l' ducation partir des principes de l'Emile qu'ils s'efforcent d'appliquer dans leurs diverses institutions. La m decine infantile se d gage de la m taphysique de la g n ration pr c dente; elle s'efforce de d terminer, par l'observation et l'exp rimentation anatomique, les lois qui pr sident au d veloppement physique et mental de l'enfant, et qui causent ses maladies. Par cette d marche exp rimentale, elle rectifie la notion de nature enfantine. L'auteur a pu montrer les liens tr s troits entre l'Emile, qui insiste tant sur la sp cificit d'une nature enfantine, et les progr s d'une m decine infantile qui se d tourne de la tradition m caniste et cart sienne, sans pour autant revenir aux prescriptions d'Hippocrate et de Galien, qui recommandaient de 'laisser faire la nature'. Parall le la fortune de l'Emile, se d veloppe une m decine vitaliste qui distingue les processus vitaux des ph nom nes physiques et chimiques. C'est cette modernit dans l'approche du d veloppement biologique de l'enfant qui fait le succ s de l'Emile. Cette fortune conjointe de Rousseau et des m decins favorise l'av nement de la p diatrie, de la psychologie de l'enfant et de l' cole maternelle. Enfin, la production consid rable d'une litt rature p dagogique assure le succ s de l'Emile par ses imitations, ses adaptations, et par les d bats qu'il suscite. L'analyse de cette litt rature p dagogique conforte l'existence d'un courant p dagogique sp cifique, composante au deuxi me degr des Lumi res. La fortune des id es p dagogiques de Rousseau rejoint alors le destin de la p dagogie militante des Lumi res: faute de se r aliser dans la pratique de la classe, elle reste l' tat de r ve et se d ploie dans l'utopie. Les trait s d' ducation nous projettent souvent dans la fiction, et les romans d' ducation traduisent aussi bien les aspirations la r novation que l'incapacit l'accomplir.