Les États-Unis et la France, deux modernités rivales, deux laïcités fondatrices des droits fondamentaux
Abstract
Le concept de modernité et des notions qui lui sont apparentées - sécularisation, laïcité, libéralisme, séparation de l'Église et de l'État, discours sur les droits et libertés - souffrent d'une imprécision définitionnelle à la source de nombreuses incompréhensions. La distinction entre deux paradigmes historiques de référence, soit une modernité américaine attachée à son héritage judéo-chrétien et une modernité française fermée à la transcendance et historiquement hostile à l'Église, offre une grille d'analyse susceptible de clarifier les débats transatlantiques et la posture philosophique des uns et des autres. Ces deux modèles rivaux résultent de lectures fondatrices antagoniques des droits de l'homme et de la laïcité. Partisans des deux modernités s'opposent, souvent avec âpreté, dans l'ensemble des diverses cultures nationales de la Civilisation occidentale. Discréditée par les grands totalitarismes athées et les hécatombes du XXe siècle, la modernité comprise comme auto-nomie ne saura se relever qu'en se réconciliant avec ses sources originelles chrétiennes. Garant de la dignité de la personne humaine, l'imago Dei - l'anthropologie biblique - constitue le fondement ultime et le cadre interprétatif nécessaire aux droits fondamentaux de la personne