Abstract
Dans ses volumineux Salons rédigés pour la Correspondance littéraire de Grimm, Diderot, un des pionniers de la critique d’art, décrit et juge les peintures exposées au Salon carré du Louvre sous l’égide de l’Académie royale de peinture et de sculpture. Lorsqu’est en jeu la peinture à sujet religieux, encore abondante à son époque, le salonnier adopte différentes positions, de la neutralité à la satire. Les figures religieuses dans certains tableaux (dévots, saints, personnages divins) suscitent cependant l’adoption occasionnelle d’une stratégie critique plus originale et déconcertante. Le philosophe athée feint de déplorer l’absence de ce qu’il ne peut ni ne veut y trouver : la suggestion manifeste du divin. Produisant le manque constitutif de son sujet, le discours diderotien dans son im-pertinence fait éclater l’évidence d’une absence de sens au cœur de la peinture religieuse de l’époque.