Clio 35:21-44 (
2012)
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Abstract
Au cours de la période moderne, les fonds provençaux du « for privé », sont marqués par une faiblesse quantitative des écrits féminins. Pour l’essentiel, ceux-ci relaient l’écriture d’un mari, parfois d’un père ou d’un frère absents ou disparus, dans la tenue des comptes et dans l’enregistrement de la mémoire familiale. Néanmoins, chez la trentaine de femmes retrouvées ici au fil des archives, l’écriture quotidienne, quand bien même elle répond à l’application d’une norme et à l’assignation d’un rôle social, n’en fournit pas moins la possibilité d’une construction de soi, depuis la conquête de sa matérialité graphique la plus élémentaire jusqu’à l’émergence d’une réflexivité individuelle née de la familiarité croissante du commerce avec soi et de l’essor d’une expression personnelle. On devra néanmoins se demander si cette posture suffit, au creux de registres familiaux dont la vocation est d’abord collective, à construire un individu féminin