Abstract
La philosophie contemporaine est tiraillée entre deux pôles apparemment inconciliables, que sont la littérature et les sciences dures. Une possibilité de réconciliation et de fusion est pourtant envisageable en remontant à Descartes, qui ne voit pas, dans son traité du Monde, de discontinuité entre philosophie et science et qui utilise la fable et la fiction pour exposer une vérité scientifique universelle. Or, cette vérité est exposée par des moyens (la déréalisation expérimentale du monde, la géométrisation de l’espace, la force d’un esprit qui s’exprime par un « je », l’analogie, qui permet d’expliquer l’homme) qui sont aussi ceux qu’emploient des artistes modernes comme Marcel Proust et Stanley Kubrick. En confrontant le Monde de Descartes à À la recherche du temps perdu de Proust et à 2001 : l’Odyssée de l’espace de Kubrick et de Clarke, il est possible de montrer la fraternité des œuvres malgré leurs différences d’époques, de styles et de buts et de souligner l’unité de leur prétention à la vérité, qu’elle soit scientifique, artistique ou philosophique. Les différences entre les disciplines fusionnent dans les œuvres, qui ont toujours pour finalité de refaire le réel à l’image de l’entendement humain, pour mieux pouvoir l’expliquer.