Abstract
Le ressurgissement de la notion de droits de l'homme, à la faveur notamment du printemps polonais de 1980, restera sans doute l'un des traits les plus marquants de la décennie qui s'achève. L'on pourrait trouver son équivalent proprement philosophique dans l'audience croissante qu'ont su trouver des penseurs tels que Jürgen Habermas et K. O. Apel pour leur projet d'élaboration d'une nouvelle morale universaliste, à partir des principes de l'éthique kantienne. En effet, tant les droits de l'homme que ces théories morales inspirées de Kant ont en commun une même exigence d'universalité qui les voue à un niveau élevé d'abstraction, obtenu en libérant les principes invoqués de la réalité substantielle dont ils sont issus et sur laquelle ils ont, en définitive, à s'exercer. C'est ce qui fait de ces droits une politique de la déclaration et de ces théories morales une éthique du discours.