Abstract
Cet article s’intéresse à la masculinité dans deux romans historiques du vingtième siècle, dont l’intrigue se déroule au dix-huitième : Ingenious Pain d’Andrew Miller (1997) et The Giant, O’Brien d’Hilary Mantel (1998). Les deux romanciers inventent des protagonistes qui incarnent des attributs considérés comme typiquement masculins, tels que la résistance à la douleur, la force physique et la masse corporelle, ces attributs étant par ailleurs liés à la possibilité de gagner de l’argent. Dans ces textes, cependant, l’exagération des caractéristiques masculines stéréotypées complexifie le portrait des deux personnages, les faisant paraître à différents moments comme des non-hommes ou des hommes inférieurs : ils ressemblent tantôt à des monstres, tantôt à des victimes pitoyablement faibles – comparés à des enfants, voire à des femmes. Paradoxalement, les qualités associées à la virilité dans ces récits dépouillent les hommes de leur autonomie plutôt que de la leur conférer, de sorte qu’ils se trouvent dépossédés de l’idéal masculin et deviennent la propriété d’autres hommes.