Abstract
Cet article soutient que Plotin a écrit l’ Ennéade VI 8 (39) pour mener ses élèves à voir que notre liberté est fondée sur l’Un, un but poursuivi par le biais d’une polémique avec le De fato et le De anima d’Alexandre d’Aphrodise. La première partie cherche à établir que le « discours téméraire » introduit au chapitre 7 est une interprétation de la position du De fato sur la liberté des dieux. Plotin lit la thèse de son adversaire en transférant au niveau de l’Un une structure tripartite constituée par la nature, la raison et le hasard, une structure qu’Alexandre utilisait pour expliquer les événements des réalités en devenir. La seconde partie propose de voir le traité comme un procédé dialectique. Plotin commence son enquête par le niveau de l’âme et celui de l’Intellect. Il arrive ensuite au discours sur l’Un, où il essaie de franchir progressivement les limites du langage en analysant les positions alternatives du point de vue du discours, des mots et enfin de la pensée. Ce faisant, il insiste sur le renversement des thèses d’Alexandre : l’Un est simple et donc il n’est pas contraint par sa nature, il est libre grâce à une volonté incapable de choisir parmi les contraires et tournée métaphoriquement vers elle-même.