Abstract
Clausewitz se place au tournant de ce que Foucault appellera la biopolitique : la partie analytique de sa théorie nous fait encore osciller entre la « raison d’État » foucaldienne, qu’assoient les réflexions sur les guerres réelles et leur limitation par la politique, et la nouvelle rationalité de la biopolitique, qui met au centre de ses préoccupations ce qui est vivant et réagit. Clausewitz a annoncé l’illimitation des guerres futures, celles où le pouvoir politique ne maîtrise pas les forces morales libérées. Cet article a pour double objectif d’éclairer la façon dont Foucault utilise les références à l’œuvre de Clausewitz dans sa pensée des rapports entre le pouvoir, la guerre et la politique, puis de relire quelques pages de De la guerre à l’aune de la philosophie foucaldienne pour en dégager des éléments intéressants – résultats de cette perspective croisée – pour la pensée de la guerre. La lecture de De la guerre nous permet de confronter deux analytiques : celle du pouvoir chez Foucault et celle de la guerre chez Clausewitz.