Abstract
On peut dégager chez Schelling deux types ou deux manières de penser le conflit. Le premier de ces types se trouve modélisé dans la tragédie grecque : c’est le type d’une lutte sans vainqueur ni vaincu, d’un combat qui débouche sur l’égale victoire et l’égale défaite de la nécessité et de la liberté. Schelling le thématise dès ses premiers écrits et le développe ensuite dans ses leçons sur l’art. La deuxième manière de penser le conflit consiste à le placer dans la substance divine pour le situer ensuite dans la conscience humaine : c’est le type d’une lutte dont l’aiguillon aveugle est contraint au retrait par son propre opposé. Ce type est développé à partir des Recherches de 1809 et permet de comprendre le processus complexe de la mythologie. Mais, s’il y a un vainqueur, c’est bien à la faveur d’une loi d’équité qui, à chacune des forces, et d’abord au fondement finalement surmonté, reconnaît un droit propre qui est inaliénable