Intentionnalité et réflexion : Éléments pour une confrontation des phénoménologies sartrienne et husserlienne
Abstract
Si ce qu?il est convenu d?appeler le « mouvement phénoménologique » est, selon une formule célèbre de Paul Ric?ur, « l?histoire des hérésies husserliennes » 1 , alors l?hérésie sartrienne mérite probablement une place à part dans cette histoire tant elle donne, du moins dans ces premières formulations, l?apparence de l?orthodoxie, en ce qui concerne des aspects aussi essentiels que la définition de la conscience par l?intentionnalité ou l?exigence d?intuitivité du « principe des principes ». Lorsque Sartre écrit ainsi, dans La transcendance de l?ego : « Nous croyons volontiers pour notre part à l?existence d?une conscience constituante. Nous suivons Husserl dans chacune de ses admirables descriptions où il montre la conscience transcendantale constituant le monde en s?emprisonnant dans la conscience empirique ; nous sommes persuadés comme lui que notre moi psychique et psychophysique est un objet transcendant qui doit tomber sous le coup de l? épochè » 2 , comment ne pas croire ici à une fidélité doctrinale pleine et entière ? Et pourtant, cette fidélité méthodologique est mise au service d?un projet bien distinct de celui de Husserl, comme le montre exemplairement le bref article intitulé « Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l?intentionnalité » 3 . Au moment même où, à Fribourg dans ses manuscrits de recherche, Husserl pousse jusqu?à ses