Clio 11 (
2000)
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Abstract
Après le Concile de Trente on assiste, dans les cités italiennes et dans les états du pape, à une marginalisation croissante des prostituées qui sont à le fois cantonnées et taxées, écartées et intégrées. Pourtant ce ne sont pas des conduites sexuelles scandaleuses qui en font, de plus en plus, un gibier d’inquisition. En fait le Saint Office s’intéresse aux incantations, conjurations et oraisons « pour l’amour » qui semblent être un savoir spécifiquement lié au métier. L’article, fondé principalement sur le fonds inédit de l’inquisition de Modène, met en évidence, grace à l’extrême minutie du dialogue inquisitorial, la complexité culturelle de ce savoir – entre oral et écrit, entre manuscrit et imprimé – et son lien à la performance rituelle dont les prostituées sont reconnues comme les seules officiantes efficaces. C’est dans l’ambivalence – sociale, culturelle et symbolique – des prostituées que s’enracine leur pouvoir d’intermédiaires que les oraisons incarnent dans un panthéon des médiatrices de l’amour (Vierge, Sainte Marthe, Diane, Sybille).