Abstract
La littérature occupe une place essentielle chez Rosset, non pas comme simple illustration de thèses philosophiques, mais comme expression du tragique. Cet article prend son point de départ dans l’aporie du philosopher exposée dans la Logique du pire (1971) et tente de montrer comment la littérature accomplit un geste de pensée, de « dénaturation » et de venue au tragique, bien distinct du geste philosophique. Il suggère ensuite que, de Logique du pire au Réel et son double (1976), la fonction et la place de la littérature ne sont plus tout à fait les mêmes, avant que Le Réel. Traité de l’idiotie (1977) n’explicite le statut aporétique de l’écriture littéraire. On rappelle alors que pour Rosset il y a littérature (moderne) et littérature (oraculaire) et que la question se pose de savoir si la littérature peut dire le réel, que ce soit par le moyen du double ou en se passant de toute duplication. Le cas Shakespeare permet d’envisager la notion problématique d’un réalisme littéraire conçu comme un autoportrait du réel.