Abstract
Cet article tente de répondre à la question suivante : en quoi et comment une autobiographie, en tant que récit de vie (life story) écrit par un auteur en vue de raconter son histoire (life history), peut-elle livrer à ses lecteurs une définition de l’identité personnelle de son rédacteur ? Partant d’une conception des temporalités comme modes de temporalisation, l’article distingue le temps (présent) de la narration, le temps (passé) de l’expérience vécue et remémorée et le « tiers-temps » (futur) du projet « d’interprétation de soi par soi-même », inhérent à l’identité narrative, cœur d’une l’identité personnelle mise en récit, selon Ricœur. S’appuyant sur quatre autobiographies, l’article repère des formules argumentaires pouvant s’appliquer à l’« identité personnelle » de leurs auteurs : « Je suis innocent » (Rousseau) ; « Je suis ma névrose » (Sartre) ; « Je suis quelqu’un » (Beauvoir) ; « Je suis un universitaire issu des classes populaires anglaises » (Hoggart). Après avoir clarifié les liens entre « formes identitaires » et « identité personnelle », l’article montre les contradictions qui surgissent lorsqu’on veut combiner les déterminations de l’identité sociale avec les décisions singulières inhérentes à une identité personnelle