Abstract
La notion de révolution passive est aujourd’hui reconnue comme l’une des contributions théoriques les plus importantes de Gramsci ; elle a fait l’objet de travaux approfondis en langues étrangères, et est également mise en œuvre pour analyser différents phénomènes historiques et situations concrètes présentes. L’objectif de cet article est de constituer une étude synthétique de l’élaboration et des usages de la notion de révolution passive dans les Cahiers de prison. Pour cela, nous suivons les différentes phases de développement de la notion, ainsi que les déplacements de son sens en fonction des cas pour l’étude desquels elle est mobilisée, même hypothétiquement (le Risorgimento, l’Europe du XIXe siècle, le fascisme, l’américanisme, etc.). Pour Gramsci, il apparaît que les apports de cette notion se situent sur au moins deux plans dialectiquement liés : concevoir une modalité du changement historique qui ne saurait être réduite aux bouleversements révolutionnaires proprement dits ; mettre en évidence d’une manière critique les stratégies politiques des classes dominantes, afin d’œuvrer à l’émancipation de l’activité autonome des subalternes.