Abstract

La conviction que la modernité occidentale soit un monde sécularisé, athée, dans lequel la religion ne domine plus la sphère publique, n’est qu’une présomption. Autrement dit : une transformation, à partir d’un monde où le sens réside en dehors de lui, vers un monde où le sens se situe en lui-même. Si nous suivons la pensée du philosophe français Jean-Luc Nancy, présentée dans ses livres Le Sens du Monde et La déclosion, nous devons penser le monde non pas comme ayant un sens en soi, mais comme étant le sens lui-même. Vivre dans un monde laïque signifie vivre dans un monde qui est sens, un monde devenu responsable pour soi-même mais qui ne s’enferme pas sur soi-même. Nancy, s’inspirant de Martin Heidegger, affirme que, dans un monde laïque, il n’est plus question de savoir si le monde a un sens, mais si le monde est sens. Pour être athée aujourd’hui, conclut Nancy, nous n’avons plus à faire à la question « pourquoi est-il quelque chose en général ? », mais à la réponse « il y a quelque chose, et cela en soi fait sens »