Abstract
Afin d’examiner la définition du courage chez Aristote, cet article pose un certain nombre de questions de procédure. (i) Comment Aristote s’y prend-il pour construire la définition du courage dans sa philosophie morale et politique? Suit-il réellement la procédure de rassemblement et de division qu’il a héritée de Platon, mais qu’il a aussi révisée et continué à prôner dans ses développements théoriques sur la définition? (ii) La définition du courage que pose Aristote a-t-elle la structure qu’il recommande, sur laquelle il insiste même, dans ses écrits théoriques? Je soutiens que tel est bien le cas, en demandant dès lors (iii) pourquoi Aristote inclut, dans chacune de ses discussions sur le courage, une section qui porte sur la manière de distinguer les états moraux qui peuvent ressembler au courage – qui pourraient même être appelés courage par certaines personnes (malavisées) – du courage à proprement parler. Une question finale est ainsi suggérée: (iv) la manière dont Aristote procède démontre-t-elle qu’il s’assigne pour tâche, en définissant le courage, d’expliquer comment ses contemporains utilisaient le concept et le terme dans les faits? En d’autres termes, Aristote décrit-il simplement l’usage contemporain du terme (offrant ainsi, pourrait-on dire, une définition nominale), ou est-il en train de produire la justification d’un idéal normatif?