Abstract
Dans The Subjection of Women (1869), Mill fait bien plus que prôner l’égalité civique des hommes et des femmes : il entreprend une véritable révolution épistémologique pour déconstruire les représentations naturalisantes du caractère féminin. S’il compare d’abord la condition des femmes à celle des esclaves, c’est pour ensuite l’en distinguer, car la persistance de l’inégalité des sexes est en contradiction avec les principes juridiques des sociétés modernes. Il est donc attentif à la situation singulière du problème de l’assujettissement des femmes : il ne s’agit pas de chercher à faire une « révolution sociale au nom d’un droit abstrait », mais de déraciner les préjugés qui expliquent la permanence archaïque de l’inégalité des sexes. C’est l’occasion d’une réflexion sur la construction de la domination patriarcale comme habitude sociale, par l’influence de l’éducation sur le caractère féminin.