Abstract
Thomas Windisch Problème fondamental de la tradition philosophique occidentale, la justification de l’existence du mal dans le monde est un thème inépuisable pour le philosophe. Particulièrement d’actualité au moment où les effets directs et indirects de la pandémie mondiale de COVID-19 n’épargnent personne, la forme de ce questionnement a évolué au fil des révolutions philosophiques. Le présent article tente de se replacer à la fin du xviiie siècle pour prolonger la parole du poète Friedrich Hölderlin à partir d’une réinterprétation du mal kantien. En adoptant une perspective à la fois philosophique et littéraire, il est possible de démontrer comment le concept d’unité, compris à l’aune du Beau, se révèle en tant que cause irrémédiable, mais justifiée, du mal vécu par l’humain. À partir de son roman Hypérion, Hölderlin nous proposerait une théodicée tacite qui, sans renier les critères épistémologiques de la philosophie kantienne, lui échapperait, autant qu’à toute justification exclusivement philosophique de l’existence du mal tentée depuis la modernité.