Abstract
Cet article revoit la notion de la volonté chez Foucault en la resituant entre ses réflexions sur la modernité et ses travaux plus tardifs sur l’éthique et la subjectivité dans le monde gréco-romain. Le problème de la critique sert de prétexte pour reconsidérer l’étroitesse des rapports entre les philosophies kantienne et foucaldienne. L’article présente d’abord le concept de la volonté dans la morale ancienne et chez Kant, pour y confronter ensuite le problème de la critique, tel que Foucault en rend compte dans un texte de 1978 , et effectuer enfin un dernier retour vers l’éthique. Ce mouvement de va-et-vient entre l’éthique et la critique suit un second cercle de compréhension qui éclaire l’un par l’autre les discours de Kant et de Foucault, en mêmetemps que les problématiques historiques qu’ils partagent. La volonté y est présentée chaque fois comme une activité du sujet qui a à se constituer lui-même en tant qu’être libre. Or, ce dernier a aussi à se positionner dans la modernité en rapport à une a utorité qui fonctionne de plus en plus comme un « gouvernement des âmes ». Le rapport à Foucault saisit d’une part l’historicité de la question kantienne de l’autonomie. Le rapport inverse reconnaît d’autre part un aspect peut-être indépassable de toute subjectivité éthique : l’espace transcendantal que la raison pratique articule chez Kant entre les notions de volonté, d’autonomie et de liberté