Abstract
Résumé — Toute vérité est-elle connaissable en principe ? Une réponse négative à cette question suit d’un argument logique dû à F. Fitch, voisin du paradoxe de Moore, et connu sous le nom de paradoxe de la connaissabilité. Le paradoxe de Fitch constitue un obstacle à la conception antiréaliste de la vérité et, plus généralement, semble-t-il, à l’idéal positiviste d’après lequel toute vérité devrait nous être accessible en principe. Dans cet article, j’examine différentes tentatives pour préserver le principe selon lequel toute vérité est connaissable, chacune inspirée d’une forme propre d’antiréalisme . Ces différentes approches sont comparées à une conception réaliste du positivisme, évoquée récemment par Burgess, qui postulerait seulement que toute vérité nécessaire est connaissable. Selon cette conception, certaines vérités contingentes sont effectivement inconnaissables, mais l’accessibilité de principe des vérités nécessaires demeure suffisante pour garantir la confiance positiviste dans la science.— Are all truths knowable ? A negative answer to this question follows from a logical argument related to the Moore Paradox and due to F. Fitch, also known as Fitch’s Knowability Paradox. Fitch’s paradox is widely considered to be an obstacle to the antirealist conception of truth, but even for a realist, it appears to threaten the positivist faith in the accessibility of all truths to our minds. In this paper, I first review different strategies to circumvent the paradox, each of them inspired by a different form of antirealism . I then compare these approaches to a realist version of positivism, discussed recently by Burgess, which would only postulate that all necessary truths are knowable. On that view, some contingent truths are indeed unknowable, but the idea that all necessary truths are within our reach remains sufficient to maintain the positivist faith in scientific knowledge