Abstract
Le rapprochement des œuvres de Machiavel et de Bodin a déjà une longue histoire, à laquelle l’intention de cet article n’est pas d’ajouter un chapitre : il ne s’agit donc pas de proposer une lecture d’ensemble du rapport entre ces deux auteurs ou entre leurs doctrines générales, mais seulement de mettre en parallèle leurs conceptions d’une certaine méthode pour interpréter les histoires, conceptions qui se laissent lire d’une part dans l’épître dédicatoire et le proemio des Discorsi sopra la prima deca di Tito Livio de Machiavel (ca. 1518) et d’autre part dans l’épître dédicatoire et le proemium de la Methodus ad facilem historiarum cognitionem de Bodin (1566). À un demi-siècle d’écart, ces deux prologues mettent en effet en évidence le caractère indispensable d’un art de la lectio des histoires pour fonder les raisonnements de la science politique, mais ils le font, semble-t-il, en adoptant deux points de vue profondément différents : la nature exacte de cette différence est le véritable objet de cet article.