Abstract
Les exégètes médiévaux ont-ils une attitude particulière à l’égard des récits de la Bible que nous faisons aujourd’hui entrer dans la catégorie du « mythe »? On voudrait répondre à cette question à partir de l’étude des généalogies des chapitres 4 et 5 de la Genèse dans les commentaires composés entre le xii e et le xiv e siècles en Occident. Celles du chapitre 4 (v. 17-22) sont considérées comme un mythe sur les origines de la culture – la vie pastorale, le travail des métaux, la musique, le tissage –, celles du chapitre 5 posent des problèmes divers, notamment du fait de la longueur de la vie des personnages nommés. Il semble que les commentateurs du Moyen Âge soient moins sensibles à la dimension « historique » de ces textes qu’aux enseignements que nous pouvons en tirer sur les fondements de la conduite humaine. L’analyse qu’ils font des structures de ces textes (utilisant notamment la valeur symbolique attachée aux nombres et mettant en relief les différences d’agencement) et les applications tropologiques qu’ils en tirent, puisznt dans l’Écriture sainte les enseignements d’une Parole adressée en permanence à l’homme, permettent de constater que les procédures qu’ils mettent en œuvre sont proches de celles d’une certaine analyse des mythes aujourd’hui.