Clio 55:173-189 (
2022)
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Abstract
Dans L’Origine des espèces, Darwin avait soigneusement évité de traiter la question de la place des êtres humains dans sa théorie et dans le monde animal : il n’avait pourtant pu éviter que la question fût en tête des préoccupations de la plupart de ses premiers commentateurs. Dans La descendance de l’homme (1871), il prit la parole. Darwin y avance l’idée que les prérogatives sensorielles et, plus largement, intellectuelles et morales dont fait preuve l’Homme, y compris l’appréciation esthétique de la « beauté », sont partagées par bon nombre d’espèces animales. Il soutient la thèse que la sélection sexuelle, ou la lutte pour la procréation, est responsable des différences entre femelles et mâles. Pour lui, la sélection sexuelle est aussi la cause de comportements complexes qui, chez l’homme, sont probablement à l’origine de la formation de groupes humains, appelées races, et du développement des cultures. Darwin le scientifique et Darwin le mâle victorien animent une discussion, où les préjugés de genre et l’orgueil impérial trouvent toute leur place.