Réinventer la sexualité: Remarques sur les derniers écrits de Michel Foucault

Revista de Filosofía (Madrid) 27 (1):7-41 (2002)
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Abstract

L’objet de l’article est d’analyser notre conception contemporaine de la sexualité, en liaison avec la caractérisation qu’en proposait Foucault et qui fait du “Sexe” l’élément central d’un “dispositif de sexualité”. Dans la première partie de l’article, je propose d’abord une description critique de certaines des composantes principales de notre conception de la sexualité, qui sont (a) la conviction que le sexe est une affaire privée; (b) l’idée que l’érotisme pourrait être une solution philosophique providentielle à l’opposition du Sujet et de l’Objet (G. Bataille); et (c) la thèse qu’une civilisation nonrépressive est possible (H. Marcuse). Dans la seconde partie je commente les positions de Foucault, qui ont été souvent mal comprises. La thèse générale de Foucault était que les mécanismes du pouvoir, dans les sociétés contemporaines, exigent un contrôle étroit de la vie privée des individus et par là même la mise en oeuvre d’un “dispositif” bien organisé susceptible de régir la pratique sexuelle, de même que sa théorisation et sa médicalisation. Foucault s’opposait à la thèse (c), qu’il appelait “l’hypothèse répressive”. Il s’opposait également à (b), en proposant à la place de l’érotisme de Bataille une “généalogie de l’homme de désir”. Enfin, il s’opposait à la conviction (a) en arguant du spectaculaire contre-exemple des conceptions gréco-latines de la sexualité dans l’Antiquité, auxquelles il avait consacré les dernières années de sa vie. La troisième partie de l’article développe à partir de là la présupposition fondamentale de Foucault selon laquelle la résistance au pouvoir n’est possible à notre époque que si nous parvenons à nous constituir nousmêmes en tant qu’individus d’une manière nouvelle. En accord avec cette présupposition, je propose de dire que l’énigme du sexe dans nos vies exhibe avant tout notre faiblesse politique, philosophique et éthique. En politique nous sommes privés de la “puissance d’agir” parce que toute confrontation effective entre l’individu et la Cité est devenue illusoire, ce qui scelle l’im- possibilité de la tragédie grecque. En philosophie nous rencontrons le défi majeur de savoir comment définir aujourd’hui le concept de Sujet. Du point de vue éthique, nous avons affaire partout à la réalité de la violence. Nos “tragédies privées” démontrent que nous ne nous réfugions dans la vie privée que parce que nous avons le sentiment d’avoir perdu le monde

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