Abstract
Rosa Luxemburg a fondé le Parti communiste d’Allemagne (KPD) dans l’hiver 1918-1919. Peu de temps après, elle était assassinée. Elle fut ensuite largement célébrée au sein du parti. Néanmoins, ses idées touchant la praxis politique du KPD ont donné lieu à de vifs débats – en particulier sa conception de la “realpolitik révolutionnaire”. Dès le congrès de foundation du parti, on a assisté à des affrontements sur les questions de la cooperation avec les sociaux-démocrates, de l’engagement dans les syndicats, et de la participation aux élections legislatives – une aile gauche influente rejetant les trois. Ces conflits perdurèrent tout au long de l’année 1919. Le leader du parti, Paul Lévi, se voyait lui-même comme le gardien de l’héritage politique de Rosa Luxemburg, qu’il ne parvint à préserver qu’au prix d’une scission du parti. Cet article suit le développement du KPD dans la première année qui suivit la mort de Luxemburg, et cherche à éclairer le lien entre les différentes positions présentes au sein du parti et la praxis de l’organisation.