Abstract

Problemes abordes. La question des rapports entre "mentalite traditionnelle" et "mentalite scientifique", qui est au coeur de la problematique du developpement des societes africaines, renvoit d'abord au probleme de la caracterisation de la science et donc de la rationalite scientifique: il y a lieu de voir comment se pose le probleme en philosophie des sciences, quels sont les modeles contemporains de rationalite et quel est le bien fonde des interpretations relativistes de la rationalite scientifique. ;Il y a par ailleurs lieu d'examiner les conceptions de ladite mentalite traditionnelle et de la problematique du developpement par des penseurs africains; un tel examen doit permettre de mieux saisir l'originalite de notre apport. ;Methodologie et resultats. Nous abordons ces problemes par un effort de synthese critique des discussions des theses centrales de philosophie des sciences sur la question de la rationalite scientifique. Nous tenons a souligner que la rationalite scientifique, bien que difficile a caracteriser au moyen de normes absolues, est le fait d'une construction progressive, d'une conquete permanente reposant sur l'assentiment d'une communaute scientifique, ce qui, d'apres nous, ne constitue nullement une concession au dogme du relativisme culturel. ;Quant a l'examen des conceptions des penseurs africains, nous l'avons articule sur la critique de trois d'entre elles a savoir celle de Senghor , celle de Nkrumah et celle de Malanda Dem; avec cette derniere, nous avons eu l'opportunite de denoncer la tendance persistante d'identifier la pensee rationnelle scientifique a la culture occidentale. ;Pour l'etude proprement dite des rapports entre mentalite traditionnelle et mentalite scientifique, nous n'avons guere trouve mieux que de proceder a une relecture de l'oeuvre de Levy-Bruhl. Cette relecture nous a plutot conduit a l'idee d'une mentalite primordiale commune a toutes les societes humaines, ainsi qu'a une conception quelque peu originale de l'evolution desdites societes. Cette conception s'oppose a celle d'un progres irremediable defendue par Condorcet puis par Auguste Comte, et elle suggere toute une autre approche de la problematique du developpement