Abstract
L’objectif de cet article est de repondre à la question de savoir si la saisie d’un être humain en tant qu’être humain, un thème qui émerge au §270 de la Philosophie du droit, peut constituer un rempart contre les deux fanatismes que Hegel y évoque d’un seul tenant, à savoir l’exclusion de minorités religieuses par l’État ou, à l’inverse, le rejet des valeurs et des institutions éthiques auxquelles adhèrent la majorité pour des motifs religieux. J’y répondrai que oui, que l’être humain en sa valeur d’être humain peut constituer un tel rempart, à condition toutefois de dépasser la conception sociale de la normativité à laquelle tend la compréhension hégélienne de la vie éthique (Sittlichkeit), parce que cette conception pave la voie au totalitarisme, en ce qu’elle se rapproche d’une thèse situationniste.