Dans l'exégèse de l'épistémé classique, il y a un 'manque', une omerta ou une éclipse de la pensée éducative et universaliste de Comenius (J-A). Pourtant elle est décisive à bien des égards sur le plan de l'effectuation ou du dévoilement critique de la raison envisagée en tant que principe même de l'individuation. Alors même que l'on assiste à un regain d'intérêt croissant pour la philosophie de Spinoza et son éthique fondée sur le parallélisme du corps et de l'esprit, le problème (...) de l'expression en philosophie se pose à nouveau. Mais si ce parallélisme nous semble être une condition nécessaire de l'individuation, le parallélisme plus général de la ratio et de l'operatio appréhendé par Comenius nous apparaît comme une condition suffisante pour comprendre le passage du problème de l'individuation au problème de l'expression."--Page 4 of cover. (shrink)

La perception nous ouvre à un monde sensoriel, à un déploiement des sens qui se cristallisent dans un corps : elle est ouverture, orientation du vivant dans un monde polarisé, comme chez Simondon. La phénoménologie de la perception, et la perspective génétique de Simondon postulent en amont une théorie du corps percevant comme reconnaissance d'un "foyer" préindividuel qui précède la pensée objective : percevoir, c'est "prendre à travers" l'expérience continuelle de choses changeantes la possibilité d'une unité de soi-même sans réduire (...) le mouvement qu'elle imprime en nous, et à notre conduite. La perception est du domaine du préindividuel, qui s'aligne sur une détermination du sujet comme investissement de son corps et de sa motricité : le préindividuel, possibilité ontologique du mouvement, du sujet qui peut se mouvoir dans le monde et en cela ne jamais pouvoir achever sur un mode constituant sa conscience des choses – idéal d'adéquation, est bien ce champ de spatialisation originaire du sentir, de l'indéterminé du sentir que vit notre corps dans son expérience du monde. (shrink)

Simondon and Deleuze are the philosophers of intensity: thinking the intensity of being rather than its formal a priori is for them the path to the “true transcendental.” The true transcendental, according to these two post-Kantian philosophers, would be the conditions of real experience, which are not dictated by a reason anticipating the relation to phenomena, but by individuation. This reversal priviledges the process of openness to difference as a production of the unexpected for knowledge. To be individuated, for Simondon (...) as for Deleuze, is to learn to overcome a certain logic of representation, based on the principle of identity, by giving precedence to singularities: the individual is not only a thinking substance cutting up the world according to its categories, but also an active nature facing the unknown. But one might ask how the individual can be identified and develop if it is constituted, at its expense, from intensive relations and experiences that it cannot synthesize in the understanding. Does individuation ultimately make sense? Simondon and Deleuze agree that consciousness is nothing without a synthesis of unification: this possibility for consciousness of unifi ng the diversity of experience, of maintaining a unity in plurality, refers to the preindividual, which defines in Simondon a field of ontological freedom, that is, of multiple individuations enriching the Self. For Deleuze, in his careful reading of Simondon, it is the place of the emission of singularities in the process of intensive individuation. In both cases, it is a question of defining a new form of subjectivity, closer to the realities of experience, of what we might call the transductive forms of sensibility. (shrink)

Dans son dernier cours au Collège de France, Michel Foucault nous parle d'un oubli, plus fondamental à ses yeux que le fameux "oubli de l'être", ou plus précisément d'une négligence ; une négligence dont la philosophie est responsable, ce qui est d'autant plus paradoxal qu'il concerne précisément la vie philosophique. "Je voudrais, en tout cas, suggérer simplement que s'il est vrai que la question de l'être a bien été ce que la philosophie occidentale a oublié et dont l'oubli a rendu (...) possible la métaphysique, peut-être aussi la question de la vie philosophique n'a-t-elle pas cessé d'être, je ne dirais pas oubliée, mais négligée ; elle n'a pas cessé d'apparaître comme en trop par rapport à la philosophie, à la pratique philosophique, à un discours de plus en plus indexé au modèle scientifique" Cette négligence a une histoire. Car le problème de la vie philosophique a été posé dans toute sa radicalité dans l'Antiquité ; il n'était pas complètement oublié à l'époque moderne, comme en témoigne l'oeuvre de Spinoza ; mais à partir du moment "où la philosophie est devenue un métier de professeur, c'est-à-dire au début du XIXème siècle", elle a évacué du champ des problèmes pertinents, des problèmes "sérieux", cela même qui pourtant lui avait donné son horizon et sa raison d'être : la possibilité de définir une vie philosophique, c'est-à-dire une vie juste, une vie bonne, une "vraie vie". (shrink)