L'intériorité et l'expression de l'intériorité occupent une place significative en philosophie. Au cours des dix dernières années de sa vie, Wittgenstein leur a consacré une large part de ses réflexions en s'engageant dans des voies inattendues qui rompent avec les présupposés ordinaires et s'ouvrent sur des perspectives inédites dont ses remarques sur la " philosophie de la psychologie " constituent le centre. Mais l'intérêt de Wittgenstein pour l'intériorité vise moins à en prononcer la liquidation qu'à la débarrasser des confusions qui (...) en obscurcissent le sens et à mieux en dessiner le visage. L intériorité, qui peut être une sorte de maladie, douce ou terrible, insidieuse, attrayante ou repoussante, est comme la face visible de notre langage et de notre vie dans ce qui les fait nôtres, les soustrayant ainsi à l'indifférence, à la monotonie et par conséquent à la mort. Cet essai sur Wittgenstein et la philosophie de la psychologie explore cette partie de son œuvre en s'efforçant d'en saisir la portée pour une partie des questions qui se posent aujourd'hui en esthétique, voire en éthique, ainsi qu'en philosophie du langage et de l'esprit. (shrink)

« Toute activité se laisse discerner et définir dans la mesure où elle prend forme, où elle inscrit sa courbe dans l’espace et le temps. La vie agit essentiellement comme créatrice de formes. La vie est forme, et la forme est le mode de la vie » (Henri Focillon). Formes de la géométrie et du cosmos, formes de la vie et de la pensée, formes architecturales, musicales et littéraires, formes fixes ou métamorphoses : le concept de forme est omniprésent dans (...) les sciences et dans les arts. C’est à une exploration de cette notion de forme que le Collège de France a consacré en octobre 2011 son colloque multidisciplinaire de rentrée : sa définition en philosophie chez Platon et Aristote, ses applications en mathématiques et en astrophysique, en chimie et en biologie, ses conséquences en psychologie et en linguistique, en anthropologie, en droit et dans les arts. Ces débats ont été aussi l’occasion de se tourner vers des pensées où elle joue un rôle particulièrement important, comme le structuralisme de Claude Lévi-Strauss ou l’histoire de l’art d’André Chastel. Jean-Pierre Changeux est professeur honoraire au Collège de France, chaire de Communications cellulaires. Il a dirigé la publication de trois colloques précédents du Collège de France : La Vérité dans les sciences (2003), Gènes et culture (2003) et L’Homme artificiel(2007). Contributions de Antoine Compagnon, Claude Debru, Stanislas Dehaene, Mireille Delmas-Marty, Philippe Descola, Anne Fagot-Largeault, Marcel Hénaff, Michel Hochmann, Jean-Jacques Hublin, François-Bernard Mâche, Jean-François Mangin, Jean-Claude Pecker, Jacques Reisse, John Scheid, Jesper Svenbro. (shrink)

The question of aesthetic judgment is related to a lot of paradoxes that have marked sustainably the reflection on arts, and even arts as such during their modern history. These paradoxes have found a first formulation, apparently clear, in the very famous Hume's essay: "On the standard of taste", but without to lead to a real resolution. In this paper, I would like to approach the question of Hume by starting from what Wittgenstein suggested about aesthetic judgment in his Cambridge (...) lectures. To this end, I will try to give a wittgensteinian reading of Hume's essay, in order to show that though the question of aesthetic judgment makes certainly sense, the way of considering it - like the way Kant shall consider it later - can be regarded as typical of difficulties Wittgenstein tried to overcome in his investigations on rules. By giving an alternative formulation to this question, we should be able to examine differently the problems of the aesthetic judgment, to underline more precisely the originality of Wittgenstein's approach, and perhaps to better grasp what are its consequences, not only for a better comprehension of the relationship between Wittgenstein’s philosophy and art, but for the type of perplexity to which we must face everytime we meet the paradox inherent to the question of aesthetic appreciation as such: how can we conceive the very idea of a standard involving a normative meaning without making to faint what gives to a work of art its value. We shall see that Wittgenstein’s suggestions, though their contribution to a better understanding of this question is still affected by some ambiguities, are to be reconsidered under the light of his anti-essentialism, and that these ambiguities can be dissipated by dissociating, on one hand, what belongs to his own tastes or to his related thoughts and on the other hand what we can conceive through the ways which were opened by his philosophy beyond his personal inclinations. Despite what gives to the sphere of Wittgenstein's artistic interests its limited character; despite also what drives his attention towards another kind of problems, it may well be that his thought cast a bright light on current artistic practices and therefore on the questions they ask to philosophy. (shrink)

Le pédagogue Antoine de La Garanderie (1920-2010) laisse un héritage intellectuel particulièrement riche et stimulant. Le rayonnement de sa pensée au cours des trois dernières décennies, tant en France qu'à l'étranger, et son influence sur les pratiques pédagogiques, formatives, voire thérapeutiques, font de lui l'une des figures marquantes de notre culture contemporaine. Cet ouvrage explore trois grands champs de réflexion et de recherche : le premier concerne la validité et la pertinence, au plan épistémologique, des recherches qu'il a conduites, désignées (...) sous le terme générique de " Gestion mentale ", et en référence à d'autres courants de pensée ; le second aborde l'orientation générale des expérimentations pédagogiques ou didactiques auxquelles ces recherches ont donné lieu et dont il convient d'évaluer la portée et la valeur, tant heuristiques que praxéologiques ; le troisième relève des fondements proprement anthropologiques où s'enracinent ses concepts et ses propositions et qu'il importe autant de dévoiler que de situer : sa foi en l'éducabilité, sa conception de l'évolution et du progrès. (shrink)

This chapter first evokes the objects of chemistry and the role played by experimentation in the constitution of its objects. It then studies how chemists set up experimental protocols to deal with the dependence of chemical bodies on the inert or living environments in which they are found. To this end, its pays particular attention to the preparation of reference matrices for measurement and for the validation of results. In so doing, it stresses the fact that chemists use a dizzying (...) pluralism of instruments, procedures, reasonings, and methods in order to characterize and quantify substances, which are never truly detachable, except in the case of approximations satisfying particular objectives, from the empirical complex {apparatus-methods-chemical substances-associated medium} in which they are scrutinized. (shrink)

In a remarkable exchange between neuroscientist Jean-Pierre Changeux and philosopher Paul Ricoeur, this book explores the vexed territory between these...

La représentation et l'expression sont communément tenues pour caractéristiques des œuvres d'art. Les questions que soulèvent ces notions ont jalonné le développement de l'esthétique et durablement marqué les discussions autour desquelles un grand nombre de théories ont vu le jour en philosophie de l'art. Ce livre tente de les analyser en se frayant un chemin dans les difficultés qui leur sont liées, au carrefour des traditions et des courants qui s'en disputent aujourd'hui l'héritage.

There is no science that does not rest on a metaphysics, though typically it remains concealed. It is the responsibility of the philosopher to uncover this metaphysics, and then to subject it to criticism. What I have tried to show is that cybernetics, far from being the apotheosis of Cartesian humanism, as Heidegger supposed, actually represented a crucial moment in its demystification, and indeed in its deconstruction.

v. 1. A défaut-- la littérature -- v. 2. Arts et philosophie mêlés.

The idea of objectivity is primary in Gottlob Frege’s thought, not only for his conception of logic and mathematics, but also for his philosophy as a whole. He deals with the topic for the first time in 1884, in Grundlagen der Arithmetik, precisely in paragraph 26. He distinguishes the objective from the subjective, of course, but also from the real, what he calls the actual (wirklich in German). In order to be perfectly understood, he gives as example the colors but, (...) above all, to explain what is objective in geometry and space, he proceeds to a «thought-experiment», founded on the principle of duality. It is this aspect that I emphasize here, in the general framework ofparagraph 26 and in conjunction with Frege’s other works. (shrink)

La philosophie de Bolzano est a la source d'une tradition de pensee dont l'importance et l'originalite n'ont pas encore ete appreciees a leur juste mesure. En 1997, 160 ans apres la publication de son chef d'oeuvre, la Wissenschaftslehre, a eu lieu, a Cerisy-la-Salle, un colloque destine a examiner l'interet historique actuel de cette tradition qui s'etend jusqu'a Musil et a la seconde guerre mondiale. Ce volume est destine a offrir une vision panoramique, enrichie de plusieurs etudes de detail, des idees (...) et des oeuvres qui, de Bolzano a Musil, ont renouvele le champ intellectuel et philosophique europeen. (shrink)

As scholars have shown, acceptance is key to the success of Payment for Ecosystem Services (PES) scheme. While many studies adopt a static cost-benefit perspective, few address the social process leading to acceptance. Drawing on Suchman (1995), this article examines the legitimacy process underlying the acceptance of a PES in agriculture. In particular, the role of collective action in the legitimisation process is analysed, using a combination of qualitative and quantitative methods of discourse analysis. Data from an agro-environmental PES scheme (...) in France on water quality shows that acceptance depends on the normative and cognitive legitimacy that actors confer upon a public policy. (shrink)

Here Jean-Pierre Changeux elucidates our current knowledge of the human brain, taking an interdisciplinary approach and explaining in layman's terms the complex theories and scientific breakthroughs that have significantly improved our ...

Aborde de nombreux thèmes, notamment : la vérité en mathématiques, la construction du vrai dans le développement cognitif de l'enfant, la procédure de Ramsey et le problème du réalisme scientifique, les relations de l'astrophysique et de la cosmologie avec l'observation.

Les fondements de la théorie du choix rationnel, dans ses multiples déclinaisons (économie théorique, théorie de la décision, théorie des jeux, théorie de l'action que l'on trouve au cœur de la philosophie analytique, etc.), ne sont plus aussi assurés en cette fin du XXe siècle qu'ils semblaient l'être durant, ou immédiatement après, la Seconde Guerre mondiale, lorsqu'un John von Neumann ou un Leonard Savage en posaient les prolégomènes. A la source des difficultés présentes, on trouve l'ambition croissante de la théorie (...) du choix rationnel d'expliquer, et surtout de fonder, des phénomènes très éloignés du champ à l'intérieur duquel elle s'était d'abord confinée. Le défi le plus grand que le choix rationnel s'est fixé à lui-même est de rendre compte de la possibilité du jugement moral dans un monde d'individus isolés, autonomes et intéressés (et notamment de la promesse, de l'engagement, du contrat, de la parole donnée et tenue, de la menace, de la dissuasion crédible et efficace). C'est en tentant de relever ces défis que les théoriciens ont rencontré sur leur chemin, comme autant d'obstacles inattendus, des paradoxes redoutables. Ce livre présente les recherches les plus récentes dans le domaine. Il s'en dégage la thèse que le paradigme de la rationalité est radicalement incomplet. L'idéal de transparence qui est au cœur de la théorie du choix rationnel est incapable de venir à bout de l'extériorité et de l'opacité du collectif. Si elles ne prenaient appui sur des références extérieures qui les guident en les " poussant ", les interactions entre acteurs rationnels seraient en général incapables de produire à elles seules quoi que ce soit de déterminé. Les recherches ici présentées s'attachent à définir ce que sont ces dispositifs collectifs cognitifs qui encadrent et servent de support aux décisions individuelles. Elles s'inscrivent dans cette synergie entre sciences sociales, sciences cognitives et philosophie qui renouvelle aujourd'hui les sciences de l'homme. (shrink)

Anthony Feneuil : Une question concernant votre parcours : pourquoi avoir choisi l'incroyance comme thème de prédilection? Comment y êtes-vous venu et quels sont selon vous les enjeux d’une histoire de l’incroyance aujourd’hui? Est-ce qu'ils sont d'abord épistémologiques (parce que la question de l'incroyance pose des questions à l'historien sur les sources qu'il utilise et leurs biais, oblige à se poser la question des rapports de pouvoir etc.)? Sont-ils politiques? Il est vrai que l'inc...

Notre propos est de donner des bases philosophiques à la réalité vis-à-vis d'une tradition de la pensée qui y serait passée à côté. La réalité étant ce qui est le plus direct pour nous, ce qui est vrai, demande aussi dans un second temps, l'élaboration d'un système de pensée qui puisse la rendre telle qu'elle est. Ce qui a été pendant longtemps perçu comme "naïf", à savoir le réalisme le plus pur, fut sans doute un solide préjugé à la fois (...) de l'antique et de la moderne étude sur l'être, et qui pour s'en défaire auraient dû saisir tous les enjeux d'un rapport plus concret à celui-ci. Cela aurait pu se faire en revenant à l'essentiel de l'expérience face aux divers objets réels du monde. C'est sur cette négligence que nous avons concentré nos réflexions, puisqu'il en va de la conception quotidienne sur la réalité qui nous entoure, et tout aussi bien de la validité de la science qui repose sur elle. Face à une pensée abstraite reposant sur le sujet et la psychologie, il nous a fallu revenir aux fondements des choses : les faits matériels qui anticipent toute connaissance. Ainsi, la connaissance théorique apporte des résultats positifs surtout quand elle vient appuyer les observations rigoureuses d'où elle part. En clair, nous avons voulu suivre la réalité comme condition de toute démonstration. (shrink)

La méthode critique et historique adoptée par S. al `Azm touche aux divers domaines et révèle son souci de traiter de n'importe quel fait en vertu des exigences de l'esprit scientifique. lI s'en sert pour accéder à des vérités établies sur des bases réelles et scientifiques tout en récusant l'approche conceptuelle et figée de la réalité. Ne visant pas uniquement et arbitrairement la déconstruction des idéologies religieuses et politiques, il conçoit une société arabe affranchie des contraintes aveugles exercées par l'autorité (...) politique et religieuse. Une société débarrassée de ses illusions religieuses ainsi que de ses appartenances confessionnelles et fanatiques, et fondée sur des bases laïques et socialistes. (shrink)

In this paper the descriptions of the relation semi-algebra generated by an equivalence element and the relation algebra generated by an equivalence element are unified by functorial constructions. Here the developed techniques and ideas lead to a more manageable conceptual construction of universal objects for the functors of squares and special congruences.

Amidst the many brain events evoked by a visual stimulus, which are specifically associated with conscious perception, and which merely reflect non-conscious processing? Several recent neuroimaging studies have contrasted conscious and non-conscious visual processing, but their results appear inconsistent. Some support a correlation of conscious perception with early occipital events, others with late parieto-frontal activity. Here we attempt to make sense of those dissenting results. On the basis of a minimal neuro-computational model, the global neuronal workspace hypothesis, we propose a (...) taxonomy which distinguishes between vigilance and access to conscious report, as well as between subliminal, preconscious and conscious processing. We suggest that these distinctions map onto different neural mechanisms, and that conscious perception is systematically associated with a sudden surge of parieto-frontal activity causing top-down amplification. (shrink)

1 INSERM-CEA Unit 562, Cognitive Neuroimaging, Service Hospitalier Fre´de´ric Joliot, Orsay, France, 2 CNRS URA2182 Re´cepteurs and Cognition, Institut Pasteur, Paris, France.

It is commonly assumed across the language sciences that some semantic participant information is lexically encoded in the representation of verbs and some is not. In this paper, we propose that semantic obligatoriness and verb class specificity are criteria which influence whether semantic information is lexically encoded. We present a comprehensive survey of the English verbal lexicon, a sentence continuation study, and an on-line sentence processing study which confirm that both factors play a role in the lexical encoding of participant (...) information. (shrink)

The “Neuronal man”, as Changeux has called him, is now credited with an aesthetic mind. This mind is not the “Geist” of the philosophical tradition. The cognitive sciences have took over from philosophy and now they deal with art and aesthetics as they do with whatever aspect of human thought, experience and activity. Philosophers like Kant were interested in the empirical sources of beauty, but for him empirical features of its development did not change anything at all to its very (...) essence. The naturalism implemented in the philosophy of mind and sciences of cognition has changed the terms of the question, so that the main point in discussion is whether aesthetic experience can be explained in terms of brain and/or computational process or whether it should be considered as irreductible to empirical or physical facts. These debates can be seen as new and interesting, but they drive directly to an aporia reminding in a certain way the old debate between the "Sons of the ground" and the "Friends of ideas". (shrink)

A formalism is introduced to represent the connective organization of an evolving neuronal network and the effects of environment on this organization by stabilization or degeneration of labile synapses associated with functioning. Learning, or the acquisition of an associative property, is related to a characteristic variability of the connective organization: the interaction of the environment with the genetic program is printed as a particular pattern of such organization through neuronal functioning. An application of the theory to the development of the (...) neuromuscular junction is proposed and the basic selective aspect of learning emphasized. (shrink)

This paper aims to determine the major axes of the economic policy implemented by the Walloon Region since it acquired significant powers in january 1989. A brief summary of the mechanisms introduced by the Special Financing Law demonstrates how much federal entities suffer from financial constraints imposed by the budgetary sourcing from the National Government. As a result the resources made available are lower than 1988 expenditure on items which have since been 'federalized". The balance will have to be financed (...) by Regional borrowing.We discuss several budgetary policies scenarios and their effects. The Walloon Region has chosen a middle way between two extremes. It has avoided an unchanged expenditure policy, which would have led to an undesirable increase in the debt of the Region, followed by a chronic budgetary shortage. neither has it introduced an excessively strict policy - obtaining a balanced budget by 1996 would have meant a 20% cut in current expenditures. The Walloon Region has opted for a policy of distributing growth between the present and the future by accepting a reasonable level of debt with borrowing limited to the financing of investments which increase the Region's earning assets.When it comes to the budgetary policy of the French Community, we confine ourselves to a brief presentation of the budget because of uncertainty about how it will be made up. (shrink)