Cet article se propose d’étudier comment, dans le monde grec antique, les femmes étaient nommées et comment s’articulait la différence des sexes en fonction du contexte d’apparition de leur nom. Il s’appuie sur la documentation épigraphique et plus particulièrement sur les décrets honorifiques – des textes gravés sur pierre souvent affichés dans l’espace public – qui honoraient une personne pour ses actions en faveur de la cité. Les femmes étaient honorées dans ces documents notamment lorsqu’elles exerçaient une charge religieuse, comme (...) celle de prêtresse. Cette étude, en partant d’un décret athénien honorant une prêtresse du nom de Timokritè, se demande où se joue le genre, en s’intéressant à la manière dont les prêtresses étaient désignées et en observant ce que la façon de les nommer indiquait sur leur statut et leur fonction. Il s’agit de montrer comment certaines femmes, en tant que prêtresses, occupaient grâce à leur statut de citoyennes des fonctions politiques de magistrates. (shrink)

Depuis les années 1970, les fouilles de Thasos ont mis au jour deux inscriptions en rapport avec la famille impériale. La première, datée entre 14 et 29 apr. J.-C., est due à Komis, prêtresse de Livie. Gravée sur la façade arrière du portique Nord-Ouest, elle était la dédicace de l'exèdre des abords Ouest de l'agora. La deuxième, complétée par un fragment découvert en 2006, est la dédicace d'une statue pour Agrippa Postumus, fils adoptif d'Auguste honoré comme bienfaiteur par tradition ancestrale. (...) Les deux textes témoignent des transformations de la monumentalité et de la société thasiennes au début de l'Empire. (shrink)

Le décret IG I3 35 met en place une prêtresse pour Athéna Nikè et programme la construction d’un nouveau temple et d’un autel. L’article propose qu’il fasse suite à un décret antérieur inaugurant des sacrifices dêmotelês pour la déesse, accomplis après des victoires militaires. Ce décret « pré-35 » était inscrit sur la pierre qui surmontait la stèle conservée. La prêtresse pouvait entrer en charge dès que la décision avait été prise : elle ne devait pas attendre, pour ce faire, (...) que le temple soit achevé. IG I3 36 fixait la périodicité du paiement qui lui était réservé pour l’accomplissement des sacrifices tout au long de l’année. Un engagement viager de la prêtresse est plus vraisemblable qu’une charge annuelle. La date la plus plausible pour le décret IG I3 35 se situe après 448 et avant 437, ou au milieu des années 430. Toutefois, le début des années 420 ne peut être exclu. (shrink)

Ph. Bruneau, Deliaca VIL p. 569-582 52. Deux «allusions obscures» de Cicéron. — Le «digamma» d'Atticus. Un passage assez obscur de la correspondance de Cicéron, ad AIL, IX, 9,4, paraît bien indiquer qu'Atticus, qu'il y fût propriétaire ou locataire, tirait de Délos des revenus fonciers. 53. Hèliodore, Éthiopiques, /, 22,2 et la vision littéraire de Délos à l'époque impériale. Chariclée prétend que Théagène et elle étaient tenus d'aller à Délos déposer leurs charges de prêtresse d'Artémis et de prêtre d'Apollon à (...) Éphèse. C'est un mensonge, et qui ne semble se rapporter à aucun rite réel. Ce passage des Éthiopiques n'apporte donc rien à l'histoire religieuse de Délos ; comme d'autres textes de l'époque impériale, il nous instruit de l'idée qu'alors on se faisait de l'île au passé illustre mais pour lors déchue ; rapprochements avec les textes sur l'oracle d'Apollon Délien. 54. Toujours la géranos. Retour sur une position antérieure : le bijou dit «la dénommée géranos» dans les inventaires de l'Artémision doit cette désignation approximative à une quelconque ressemblance avec la danse instituée par Thésée. — Si le nom de «géranos» qu'elle porte fait bien référence à l'oiseau du même nom, il pourrait s'expliquer par la date automnale de son institution par Thésée, saison connue pour être celle du cri de la grue. 55. Une idée de plus sur l'inscription archaïque de la base du Colosse. On propose que l'exploit dont se vantent les dédicants du Colosse d'Apollon dans l'énigmatique inscription archaïque «je suis du même marbre, la statue et la base» ne s'étende que par référence à l'art égyptien que les Grecs ont connu à la même époque et auquel ils associent le monolithisme ; mais qu'ils n'atteignent à ce monolithisme statuaire que par une de ces ambiguïtés volontaires que le grec nomme επαμφοτερίζειν : on n'aurait donc pas à choisir, comme le font tous les commentateurs, entre les deux sens possibles de του αύτου λίθου, «du même genre de marbre» ou «du même bloc de marbre», puisque ce serait pour ce double sens même que l'expression aurait été préférée à d'autres locutions possibles et non ambiguës. (shrink)

En 1981, dans un mur tardif situé au Nord-Ouest de l'Artémision de Thasos, a été découverte une statue féminine acéphale qui s'achève en pilier hermaïque. Une autre statue de ce même type, mais dans un état de moins bonne conservation, avait déjà été trouvée dans le voisinage. La statue de 1981 est une œuvre d'époque impériale librement inspirée des deux Herculanaises ; elle peut avoir représenté une prêtresse d'Artémis.

Découverte près d'Alivéri en Eubée, cette importante inscription du milieu du IVe siècle av. J.-C. est demeurée longtemps inédite. Il s'agit d'une grande stèle amputée en haut et à gauche, où se lisent encore 35 lignes gravées stoichédon (à raison de 51 lettres par ligne après restitution). Sur la base du lieu de trouvaille, de la langue et du contenu, on peut rapporter à la même stèle le fragment IG XII 9, 190, en dépit du fait que ce petit morceau (...) — perdu depuis longtemps — n'a pas été présenté comme un texte stoichédon par son unique copiste. Ce rapprochement permet de restituer le frag ment en question (A) plus sûrement qu'on n'avait pu le faire jusqu'ici : c'est le début de la loi, avec l'énoncé des récompenses prévues pour le tyrannoctone, modulées en fonction de son statut politique et social. Le texte du nouveau morceau (B) se compose lui-même de deux sections distinguées par une asyndète significative. La première section (1. 1-17) comporte une série de clauses ayant pour objet la protection de la constitution démocratique contre toute tentative de mise en place d'un régime tyrannique, notamment par le biais d'une motion subversive : le contrevenant se verra non seulement privé de ses droits civiques (discussion sur la notion d'atimia à cette date) et de ses biens (confiscation par l'État — avec une dîme pour Artémis Amarysia, dont la prééminence dans le panthéon érétrien est ainsi confirmée), mais proscrit à perpétuité (interdiction d'inhumer ses restes dans l'Érétriade ou Érétrias gê; impunité et même récompense accordées à son meurtrier). Cette première section s'achève par une imprécation solennelle visant à décourager toute atteinte contre les dispositions de la loi elle-même (rôle intéressant des prêtres et des prêtresses — avec le mot rare, sinon même nouveau, hiéris pour hiéreia — lors des Dionysia et des Artémisia) ; entre les termes de cette imprécation et le libellé des grands serments « internationaux » (attestés à partir du IVe siècle précisément) il y a plus d'un point commun à relever. (shrink)

Une découverte récente permet d'interpréter un monument situé à proximité du temple Est du forum : il s'agit d'une longue base pour au moins cinq, et peut-être sept dames dont quatre avaient été prêtresses de Livie. Ce monument, mis en place à l'extrême fin du Ier s. ou au début du n* s. ap. J.-C, a curieusement été respecté lors des importants travaux exécutés au début du règne de Marc-Aurèle. Étude des dédicaces et de la base, et réflexions sur (...) les implications topographiques de cette situation. (shrink)

Les oikoi érigés près de la « maison sacrée » du sanctuaire de Dodone ne sont pas nécessairement des temples et certains d’entre eux peuvent être considérés comme des anathèmata consacrés à Zeus Naios. Une étude récente des lamelles oraculaires, la visite d’Hérodote à Dodone et la mention d’une prêtresse de Dioné dans un fragment de l’Archélaos d’Euripide conduisent à penser que Zeus devient Naios, « Résidant », à la fin du ve siècle ou au début du ive siècle et (...) que sa parèdre Dioné, bien qu’elle soit une divinité ancienne, est intronisée à Dodone approximativement à la même période. Ce bouleversement a manifestement un lien avec l’annexion du sanctuaire par les Molosses. Les Naia, fêtes automnales qui célèbrent le dieu logé dans la hiéra oikia, commémorent la résidence de Zeus à Dodone, dont on peut penser qu’elle est liée au vaste mouvement d’urbanisation que connaît cette région du monde grec à l’époque classique. Comme les Olympia de Dion en Macédoine, les Naia prennent place dans le calendrier après le retour des bergers et de leurs troupeaux dans les régions d’hivernage. (shrink)

This note is not concerned with the reliability of this information, but with the lexical singularity παλλς, which has won widespread acceptance as an ancient sacral term, though our lexica display an uncommon, and indeed misleading, prudishness as to its meaning: ‘maiden-priestess’ ; ‘bei den Griechen in ägypt. Theben noch als sakraler Ausdruck = παρθνος' ; ‘A Thèbes d'Égypte pour désigner une prêtresse = παρθνος' . Pubescent temple-prostitutes had no place in Hellenic religious life, and it might be thought surprising (...) that there was a Greek word for them; yet Strabo offers the term without explanation or speculation as to derivation or dialectal provenance, apparently confident that it is indeed Greek and not a foreign loan-word. The Greeks who frequented Upper Egypt were not a group of largely homogeneous origin, who might have preserved in quasi-colonial isolation an archaism obsolete elsewhere in the Hellenic world. No such usage is mentioned in ancient discussions of the derivation of Pallas, wide though the etymological net is cast in the attempt to explain Athene's title: see, e.g., sch. Il. 1.199–200 , sch. Od. 1.252, P. Oxy. 2260. (shrink)