Abstract
Rien n’est plus faux que l’image de Dante comme génie isolé, tranchant sur son époque. Il appartient au contraire à une génération d’intellectuels italiens très caractéristique: laïes, souvent actifs dans plus d’un domaine, pratiquant abondamment l’expression poétique, engagés dans l’action politique, ces savants-citoyens partagent également une forte conscience historique. Leur inventivité se manifeste, en philosophie, en médecine et en droit, autant que dans l’expression littéraire. Outre des facteurs endogènes, une clé de ce phénomène tient à la réception active du savoir naturaliste élaboré à Paris, qui est lu en Italie hors du contrôle des théologiens. Les parcours parallèles d’une douzaine de personnalité hors du commun montrent la nécessité d’élargir les cadres habituels de l’histoire intellectuelle médiévale.