Paris: Libr. philosophique J. Vrin (
2003)
Copy
BIBTEX
Abstract
Jean de Jandun (ca. 1285/1328), maître es arts à l'Université de Paris durant la première moitié du quatorzième siècle, est considéré par l'historiographie contemporaine comme le principal tenant de l'"averroi͏̈sme latin", c'est-à-dire comme le défenseur majeur d'une psychologie extrême dans laquelle l'intellect est unique, éternel, et séparé par essence des hommes. Sa noétique procède en réalité d'une réarticulation ou d'une reprise active du corpus latin d'Averroès et l'on étudie sur trois plans (le rapport au corps, l'intervention de l'image, la production de la pensée) comment elle s'élabore et chemine à l'écart du Grand Commentaire sur le De anima laissé par le Cordouan. La notion de subiectum sert de fil directeur, elle vaut chez Averroès à la fois pour l'intellect sujet-substrat des intelligibles et pour le phantasme qui sert de base à la formation du concept. On décrit donc quels "transferts du sujet" s'opèrent dans la relance de la noétique rushdienne, pour relever des glissements et finalement pointer la mise en place de problématiques nouvelles et constitutives, aussi, de notre modernité. Car, en reconnaissant à l'"averroi͏̈sme" une production réellement philosophique qu'on tendait à lui refuser, on fait apparaître combien l'oeuvre de Jean est solidaire de l'invention ou de l'accentuation d'une question capitale dont nous sommes héritiers : celle du sujet humain des pensées, celle de l'assomption de l'homme comme sujet.