Abstract
Croiser l'histoire de la lecture et l'histoire du genre implique des enjeux méthodologiques qui sont discutés dans cet article à partir de cas concrets situés dans le contexte de l'Italie de l'époque moderne. La signification de la circulation et de la consommation de textes ainsi que les tentatives pour contrôler le savoir et le comportement à travers, d'une part, des interdictions explicites et, d'autre part, des offres de lectures adéquates sont ici considérées en tenant compte du genre des auteurs et des lecteurs. Il semble, en effet, que l'écrit joue à partir du XVIe siècle un rôle de plus en plus important dans la structuration de la relation entre hommes et femmes. Les sources montrent que la lectrice, destinataire consciemment construite comme influençable, pouvait néanmoins se libérer des formes de contrôle visant ses lectures. La double approche retenue permet de lire autrement des textes normatifs et tient compte des possibilités d'appropriation créative: la question de l'interdépendance entre production et réception des textes peut ainsi être revisitée.