Abstract
Décrire adéquatement la signification d’un terme, ou d’un énoncé, suppose souvent de faire appel au co-texte ou au contexte. Le linguiste doit alors recourir à des corpus authentiques et proposer des procédures de contextualisation. Une telle démarche, que l’on peut à bon droit qualifier d’étique, est loin d’être suffisante. Elle ne tient pas compte des stratégies de contextualisation et de recontextualisation des discours par les locuteurs eux-mêmes, sans aucun doute liées à l’existence d’une compétence métalinguistique et métapragmatique. La contextualisation est donc aussi un problème émique. Dans le cadre d’une enquête ethnographique au sein d’une troupe de théâtre, incluant l’observation et l’enregistrement audiovisuel des différentes activités des comédiens, on s’est intéressé aux phases de travail théâtral – lecture à la table et répétitions – pendant lesquelles les participants se confrontent à des textes qui leur posent des difficultés d’interprétation. Face à des énoncés dont la signification ne fait pas nécessairement problème, mais dont le sens en contexte peut sembler problématique, les comédiens et les metteurs en scène sont amenés à devoir recontextualiser. Nous étudierons ces pratiques de contextualisation, leur émergence – soit parce que les participants l’exigent, soit parce que les locuteurs eux-mêmes en éprouvent la nécessité pour parvenir à une pertinence communicative plus forte – en en soulignant la dimension collective.