Abstract

Par opposition à son maître Trendelenburg, qui ramenait les catégories aristotéliciennes à leur "origine grammaticale", Brentano, dans sa dissertation de 1862 sur l’ontologie d’Aristote, les qualifie de concepts d’étants. De ses premiers cours de métaphysique, donnés à Wurtzbourg en 1867, jusqu’à ses derniers textes sur la question de l’être, datés de 1917, Brentano consacrera une part importante de ses réflexions aux catégories. Il reviendra non seulement sur la question du nombre des catégories, augmentant ou diminuant celui-ci, mais aussi sur la place à leur accorder dans une ontologie bien pensée. Durant ses années de maturité, Brentano proposera de distinguer, parmi les étants, les realia et les irrealia. Tandis que les realia sont des entités causalement actives, les irrealia sont causalement inertes et incluent ainsi les abstracta : l’humanité, la rougeur, etc. Se pose dès lors la question de savoir si les catégories sont concrètes ou abstraites, réelles ou irréelles. De la réponse à cette question dépendra en outre le sort des catégories chez le dernier Brentano, "réiste", dont l’ontologie se restreint au réel : puisque le réisme implique l’abandon des abstracta, les catégories ne survivraient pas à être abstraites.