Abstract
Dominic Roulx Plusieurs commentateurs de l’oeuvre de Theodor W. Adorno ont à raison, dans les vingt dernières années, relevé la pertinence de sa critique de la domination de la nature (Naturbeherrschung) pour penser les tenants et aboutissants de la crise environnementale. Toutefois, ils se fondent sur un usage parfois bancal du concept adornien de « nature », ce qui appelle une clarification conceptuelle. Prenant le contre-pied de certains commentateurs qui perçoivent dans ce concept la fétichisation romantique d’une pure nature, je discute dans cet article la teneur profondément dialectique de ce concept. Je reformule d’abord la Dialectique de la Raison dans les termes d’une dialectique nature-raison pour ensuite discuter du concept de « première nature » et dégager enfin ce que j’appellerai le « naturalisme dialectique et critique » d’Adorno. En résultera un éclaircissement quant à la pertinence de la théorie critique d’Adorno pour penser certaines causes de la crise environnementale et pour penser la possibilité de la critiquer et d’y remédier.