Abstract
L’objet de cet article est de chercher à dissiper le flou dont souffre le concept d’afición dans le champ du flamenco. L’une des raisons de ce flou est que le concept d’afición s’avère porteur des mêmes ambiguïtés que celui d’amateurisme. On commence alors par rappeler les deux thèses dominantes au sujet de l’afición : une première l’assimile à la passion, une deuxième en fait un mélange de passion et de respect. On montre cependant les limites communes à ces deux thèses : à savoir, un sensualisme qui réduit l’afición à un mode de relation exclusivement sensoriel, sensible et émotionnel au flamenco, et un purisme qui masque l’hybridité des pratiques. On en vient ensuite à recenser les quelques typologies qui ont pu être établies pour rendre compte de la réalité complexe et variée qu’est l’afición. Mais au constat relativiste auquel elles conduisent, on oppose finalement la construction d’une définition prototypique de l’afición. Celle-ci apparaît comme une tendance à éprouver la passion pour un art tendant à exprimer lui-même la passion, soit ce qu’on peut appeler une passion au carré.