Abstract
Dans la série de principes auxquels un Mémoire pour Gabriel Cramer rédigé par Condillac début 1747 ramène le système monadologique de Leibniz, le principe de l’ingrédience de la matière par les êtres simples ou monades échappe à la critique. Condillac accorde le principe [P1] les monades sont les premiers éléments de la matière. Il rejette seulement les deux principes subalternes [P2] les monades ont un principe interne de tous leurs changements et [P3] chaque état passager d’une monade représente sous un certain point de vue l’univers, qui sous-tendent la notion de perceptions inconscientes. Composée dans la même période, la dissertation anonyme Les Monades est tout entière organisée en vue de la démonstration par Condillac en personne de la vérité de la thèse monadologique il y a des composés, donc il y a des êtres simples et de son corrélat, le principe la matière a pour éléments des êtres simples. Une analyse minutieuse des procédés argumentatifs déployés dans Les Monades permet d’interpréter cette défense de la thèse monadologique comme une remise en cause par Condillac en 1747 de l’hétérogénéité qu’il a maintenue en 1746 dans l’ Essai sur l’origine des connaissances humaines entre l’étendue et les qualités dites secondes. En donnant en son nom propre une preuve (opposée à celle par la raison suffisante dans l’ Ontologia de Wolff) de la vérité de la thèse monadologique, Condillac essaie de fonder une parfaite phénoménalisation de l’étendue. La dissertation Les Monades ne doit pas être vue simplement comme un préliminaire à la critique des systèmes abstraits dans le Traité des systèmes de 1749. La tentative d’une monadologie réformée dans la dissertation de 1747 marque le commencement d’une interrogation sur l’idée d’étendue appelée à se poursuivre dans le Traité des sensations de 1754.