Abstract
Les six figurines désormais connues du type de l’« Aphrodite au livre », recueillies dans des tombes et des sanctuaires, se classent en une série coroplathique de trois générations, géographiquement largement diffusée par surmoulages locaux ; il faut en écarter quelques objets anciennement rapprochés de façon erronée. Il s’agit bien d’une création attique, mais sa datation, que l’on avait fini par situer dans le deuxième quart du ive siècle, doit être remontée, sur critères archéologiques et stylistiques, au premier classicisme, dans le dernier quart du ve siècle. L’un ou l’autre des composants de son iconographie unique et complexe s’oppose à son identification avec chacune des Aphrodites proposées jusqu’à maintenant ou même avec la poétesse Sappho. En revanche, correctement déchiffrés, tous les symboles de cette image de jeune femme – son geste du dévoilement, l’Éros qui l’accompagne, l’arbre à côté d’elle, le rocher qui lui sert de siège, le diptyque enfin qu’elle tient, métaphore du sexe féminin – font sens ensemble pour composer une représentation générique de nymphè, de jeune épouse et mère en puissance. Cette lecture s’accommode d’un usage votif aussi bien que funéraire. Bien de son époque mais trop savante, cette iconographie n’a manifestement guère connu de succès.