Abstract
Cet article se demande si un dialogue entre la civilisation chinoise et Leo Strauss est possible et à quelles conditions. Il décrit le contexte d’introduction de Strauss en Chine, en se concentrant sur Liu Xiaofeng, l’un des straussiens les plus influents de la Chine contemporaine. L’analyse de son interprétation de la critique straussienne de la modernité occidentale fait ressortir deux distorsions fondamentales : là où Strauss considérait l’« enseignement tyrannique » comme quelque chose de théorique, Liu en fait un plan d’action politique ; au lieu de reconnaître la modernité des bases idéologiques de l’État fondé par Mao Zedong, il les interprète au crible de la tradition. Cette double déformation contredit l’intention de Strauss en tant que philosophe zététique et socratique.