Kernos 35:61-76 (
2022)
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Abstract
Dans la société grecque antique, le tirage au sort était utilisé à des fins diverses, notamment pour la distribution (e.g. du butin), la sélection (e.g. des magistrats) et la procédure (e.g. l’établissement d’une alternance). Contrairement à l’inégalité des résultats attendue dans les jeux dits « de hasard » (par exemple, les jeux de dés), les Grecs anciens aspiraient souvent à l’égalité des résultats, par exemple, dans « l’héritage des parts par tirage au sort ». Les Grecs attendaient-ils des dieux qu’ils déterminent les résultats du tirage au sort? Le tirage au sort était-il dès lors considéré comme une sorte de divination? L’examen des mythes de tirage au sort parmi les dieux grecs, tels qu’ils apparaissent notamment chez Homère et Hésiode, conduit à la conclusion inverse : lorsque, par exemple, Zeus, Hadès et Poséidon se partageaient leurs provinces ou « honneurs » (la mer, les enfers, le ciel), à la fois en tant que frères héritiers et en tant que vainqueurs se répartissant un butin, ils ne se tournaient certainement pas vers un autre dieu pour déterminer la réponse. Le tirage au sort dépend de la souveraineté du groupe qui décide de recourir à cette procédure ; il définit les contours-mêmes de ce qui constitue un groupe légitime, c’est-à-dire ceux qui ont accès au partage ; il souligne l’égalité des chances pour tous les participants et tente d’assurer l’égalité et l’équité des résultats. Dans l’ensemble, à l’exception des oracles explicitement associés au tirage au sort, chez les Grecs anciens, ce dernier était une affaire humaine.