Abstract
Raymond Boudon a été l’un des rares sociologues, surtout en France, à placer l’individu au centre de ses analyses. Il n’a pourtant pas été, contrairement à une idée reçue, un théoricien du choix rationnel. Dès les années 1970, alors qu’il est encore en début de carrière, il a proposé, du moins c’était son souhait, une théorie plus générale, de plus vaste portée, qui conjuguait la rationalité instrumentale et la neutralité axiologique, où le comportement des acteurs sociaux ne devenait intelligible qu’en tenant compte de ses croyances et de ses motivations. Rien de mécanique dans le social, aux yeux de Boudon, qui a sans cesse été soucieux d’inscrire sa propre démarche dans le prolongement de ce que la sociologie classique avait de meilleur à offrir. S’agissant de la rationalité du politique, ce n’est ni Marx ou Comte qui offraient les analyses les plus satisfaisantes, mais Weber et plus particulièrement Tocqueville. Ainsi, la « science politique nouvelle » de l’auteur de La Démocratie en Amérique, permettait à Boudon de mieux comprendre la démocratie et le libéralisme, de même qu’elle mettait en lumière les possibles dérapages du relativisme.