Clio 27:75-99 (
2008)
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Abstract
Le Venezuela de la fin de la période coloniale se distingue sur bien des points des autres régions d’Amérique espagnole : une prospérité économique flatteuse fondée sur le commerce du cacao et que confirment les réformes bourboniennes de la fin du siècle ; une configuration sociale contrastée mais extrêmement fluide et une aristocratie créole, les mantuanos, dont le discours et les généalogies sociales sont repris à leur compte par les autres groupes sociaux émergents, notamment par le monde des pardos (métis) ; mais également l’une des révolutions d’Indépendance les plus violentes du continent. Les sensibilités métisses vont de pair avec une mémoire partagée, au quotidien ou lors d’événements bien particuliers tels que visitas ou procès. D’autant qu’un autre élément contribue à faire de cette société métisse une société en mouvement : les femmes, quel que soit leur statut social ou ethnique. Transgressions des normes sociales et morales par les aristocrates mantuanas, revendications des pardas se voulant nobles et défendant leur « honneur » : se situant dans la perspective de l’histoire des sensibilités, cette étude tentera de faire le point sur ce métissage des représentations, ainsi que sur la subversion du modèle culturel hispanique qui en découle dans les pratiques effectives.