Abstract
Dans sa Psychologie du point de vue empirique Brentano fonde le caractère scientifique de la psychologie sur le geste qui délimite le domaine particulier de cette science aux seuls phénomènes psychiques, en excluant les phénomènes physiques. La distinction entre ces deux types de phénomènes devient ainsi essentielle pour le projet brentanien d’une psychologie scientifique. L’objectif de ce travail est de montrer d’une part que la critique que Husserl fait à la fin de ses Recherches logiques de la distinction brentanienne entre phénomènes psychiques et phénomènes physiques ne tient pas compte entièrement de la finesse de la théorie brentanienne des phénomènes physiques. Il s’agira cependant, par la suite de montrer les difficultés qui découlent précisément de cette conception brentanienne complexe des phénomènes physiques, en particulier ceux qui se présentent sous la forme des sensations. Nous montrerons que la théorie brentanienne des sensations à l’époque de sa Psychologie donne à ces phénomènes un caractère double, à la fois physique et psychique, et met ainsi en danger le projet même de délimiter définitivement le domaine de la psychologie aux seuls phénomènes psychiques.