Abstract
Dans plusieurs passages, Épicure mentionne des durées infraperceptibles saisies par la raison, ce qui conduit à envisager un atomisme du temps, c’est-à-dire l’existence de durées indivisibles ou quanta de temps. Cette hypothèse, nulle part explicite chez Épicure et Lucrèce, a été évoquée par quelques doxographes. L’objet de cet article est de l’étayer et de la préciser, en lisant les textes épicuriens sur le temps à la lumière des trois grandes objections antiatomistes de la Physique. Notre analyse conclut que l’atomisme du temps permet de répondre aux objections d’Aristote, mais doit être limité au seul niveau des atomes, par opposition à celui des agrégats. Il permet alors en effet de justifier l’isotachie des atomes, de rendre concevable la communauté de structure de la grandeur, du mouvement et du temps, et de garantir le caractère fini de la vitesse atomique. Deux lignes argumentatives se superposent : une conception proprement atomiste du mouvement et une reprise des termes de la physique aristotélicienne destinée à mieux en réfuter les objections.